Nouvelle méthode de calcul du DPE : l’avantage des logements à chauffage électrique

par | Juil 25, 2025

Dans un communiqué de presse daté du 9 juillet 2025, le Premier ministre a annoncé une évolution réglementaire majeure concernant le diagnostic de performance énergétique (DPE). À compter du 1er janvier 2026, la méthode de calcul du DPE sera modifiée, au bénéfice des logements équipés d’un chauffage électrique. Cette réforme s’inscrit dans un contexte de critiques croissantes sur l’inéquité du traitement réservé à ces logements, notamment depuis la réforme de 2021.

Un reclassement massif des logements chauffés à l’électricité : une correction d’équité technique

La réforme du coefficient de conversion électrique

La réforme du coefficient de conversion de l’électricité dans le calcul du DPE entraîne un rééquilibrage significatif de la classification énergétique des logements chauffés électriquement. En effet, longtemps critiquée pour sa méthode de calcul pénalisant ce type de chauffage, la méthodologie actuelle est amendée pour mieux refléter la réalité du mix énergétique national.

Ainsi, en abaissant le coefficient de 2.3 à 1.9, le gouvernement corrige une distorsion méthodologique qui classait injustement de nombreux logements en F ou G, sans tenir compte des progrès techniques réalisés sur les systèmes de chauffage électrique modernes (pompes à chaleur, radiateurs à inertie, gestion intelligente de la consommation, etc.).

850 000 logements concernés par l’amélioration du DPE

Les effets de cette révision sont concrets : plusieurs centaines de milliers de logements, estimés à environ 850 000, devraient sortir de la catégorie des passoires énergétiques dès l’entrée en vigueur du nouveau mode de calcul du diagnostic de performance. Ce reclassement n’est pas anecdotique. Il permettra à de nombreux propriétaires de logements classés G, aujourd’hui interdits à la location, de bénéficier d’un passage en classe F, et ainsi de continuer à louer leur bien jusqu’en 2028.

De même, les logements de petite surface (inférieure à 40m2), particulièrement désavantagés dans la version actuelle du DPE, bénéficieront d’une amélioration automatique de leur étiquette.

Au-delà du gain symbolique, il s’agit donc d’un ajustement aux effets très concrets, qui redéfinit la perception du logement chauffé à l’électricité dans la politique de performance énergétique, et repositionne cette énergie comme une solution légitime dans un cadre décarboné.

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Nouvelle méthode de calcul du DPE : comprendre les changements techniques

Détail du nouveau coefficient énergétique

La nouvelle méthode de calcul du DPE pour les logements avec chauffage électrique repose sur une modification fondamentale du coefficient de conversion de l’énergie primaire. Ce coefficient, qui était de 2,3 depuis la réforme de 2021, passe à 1,9 à compter du 1er janvier 2026, conformément aux orientations européennes sur l’évaluation de la performance énergétique des bâtiments.

Cette évolution technique s’explique par une meilleure prise en compte du mix énergétique français, majoritairement décarboné grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables. Il convient de préciser que cette modification n’affecte que le calcul de la consommation en énergie primaire, l’indicateur d’émissions de gaz à effet de serre restant inchangé.

Impact sur les différents types de chauffage électrique

Les bénéfices de cette réforme varient selon le type d’équipement de chauffage électrique installé dans un logement :

  • Les radiateurs électriques traditionnels (convecteurs, panneaux rayonnants, radiateurs à inertie) verront leur consommation conventionnelle réévaluée à la baisse, permettant dans de nombreux cas une amélioration de classe énergétique.
  • Les pompes à chaleur électriques bénéficieront d’un double avantage : la réduction du coefficient de conversion et leur coefficient de performance (COP) favorable, ce qui peut conduire à des gains de performance significatifs sur le DPE.
  • Les chauffe-eau thermodynamiques et autres équipements électriques performants verront également leur impact énergétique réévalué favorablement dans le nouveau calcul du DPE.

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Une réforme globalement favorable aux propriétaires et au marché de l’immobilier…

Revalorisation automatique sans travaux

Pour les propriétaires, cette évolution constitue une opportunité réelle sur plusieurs plans. L’amélioration automatique du DPE, sans nécessiter de nouveaux travaux ni même un nouveau diagnostic pour les DPE réalisés après juillet 2021, permet de revaloriser un bien tant sur le plan juridique que commercial.

Cette nouvelle permet notamment, pour les vendeurs, d’échapper à une décote allant de 10 à 15% associée aux étiquettes F ou F, bien que cela nécessite d’attendre 2026 pour la mise en vente du bien.

Impact sur la valeur verte et la commercialisation

Également, la disparition de l’étiquette “passoire thermique” ouvre des perspectives de vente ou de location bien plus attractives. Le classement énergétique jouant désormais un rôle central dans les négociations, les aides, les crédits immobiliers ou encore les exigences locatives, cette requalification peut avoir des effets immédiats sur la valeur du bien et la stratégie patrimoniale du propriétaire.

Pour finir, cette réforme vient clarifier l’image de l’électricité, souvent perçue à tort comme une énergie coûteuse ou peu écologique, alors qu’elle s’appuie aujourd’hui en grande majorité sur une production décarbonée. Elle contribue donc à réhabiliter l’option électrique, tout en incitant indirectement les propriétaires à privilégier des équipements modernes, performants et connectés.

…mais partielle dans sa portée

Néanmoins, malgré ces effets positifs, des limites structurelles demeurent.

D’abord, la réforme ne concerne que les logements chauffés à l’électricité. Les biens fonctionnant au gaz, au fioul ou au bois – bien que parfois mieux isolés – ne bénéficieront d’aucune revalorisation, ce qui peut être perçu comme une forme de déséquilibre, voire d’injustice pour certains propriétaires.

Par ailleurs, les logements dont la mauvaise performance énergétique est structurelle – c’est-à-dire liée à une mauvaise isolation, une conception vétuste ou des défauts architecturaux – resteront sanctionnés par un classement F ou G, quel que soit le type de chauffage utilisé.

Certaines voix dans le secteur immobilier dénoncent sur ce point une réforme jugée incomplète, voire cosmétique, qui améliorerait la note sans pour autant encourager la rénovation du bâti. Si elle permet de cibler plus finement les logements réellement énergivores, elle ne règle pas le problème de fond : la complexité de la rénovation énergétique, ses coûts élevés, ses délais d’exécution, et l’instabilité des dispositifs d’aide qui découragent les particuliers à s’y engager pleinement.

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Une réforme promue comme “automatique” mais suscitant la réflexion

Modalités de mise en œuvre de la nouvelle méthode

Finalement, au-delà de ses effets favorables, il convient d’émettre certaines réserves quant à la proposition de mise en œuvre concrète de la réforme. En effet, le changement de coefficient s’appliquera automatiquement aux DPE réalisés après le 1er juillet 2021, sans qu’il soit nécessaire de faire appel à un diagnostiqueur pour obtenir une version actualisée.

Or, cela soulève des questions de lisibilité, d’accessibilité à l’information et de sécurité juridique pour les propriétaires comme pour les acquéreurs ou les bailleurs.

Les conditions d’amélioration de la classe énergétique

Effectivement, si le nouveau mode de calcul permet dans de nombreux cas d’améliorer l’étiquette énergétique, cela n’est pas systématique, et dépend de plusieurs paramètres techniques, notamment la part d’électricité utilisée pour le chauffage et/ou pour la production d’eau chaude sanitaire.

Ainsi, un logement chauffé exclusivement à l’électricité – via une pompe à chaleur, un chauffe-eau thermodynamique ou encore des radiateurs à effet joule – pourra voir sa consommation d’énergie primaire réduite de manière significative, et donc potentiellement gagner une classe énergétique, voire exceptionnellement deux classes pour les logements de très petite surface.

Les cas où l’étiquette reste inchangée

En parallèle, d’autres logements, bien que concernés par la réforme, ne verront pas leur étiquette évoluer, soit en raison d’une consommation déjà optimisée, soit du fait que l’autre indicateur retenu dans le DPE, à savoir l’étiquette “gaz à effet de serre” (GES), restera inchangé. Or, l’étiquette finale du DPE est déterminée par la plus mauvaise des deux.

Il faut également rappeler qu’aucun logement ne sera pénalisé par cette réforme : aucune dégradation d’étiquette ne pourra intervenir du fait du nouveau calcul. En revanche, pour les biens dont l’étiquette ne change pas, l’ajustement du coefficient énergétique permettra d’envisager plus sereinement une revalorisation future via des travaux ciblés, qui atteindront plus facilement les seuils requis pour un meilleur DPE.

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Solutions complémentaires pour améliorer le DPE d’un logement avec chauffage électrique

1. Optimisation des équipements électriques existants

Au-delà de la revalorisation automatique prévue en 2026, il convient d’identifier les solutions permettant d’améliorer davantage le DPE d’un logement équipé d’un chauffage électrique. Le remplacement des anciens convecteurs par des radiateurs à inertie ou des panneaux rayonnants peut générer des économies substantielles, tant sur la facture énergétique que sur l’évaluation DPE.

L’installation d’une pompe à chaleur air-air ou air-eau constitue un investissement très efficace pour améliorer la classe énergétique d’un logement. Ces équipements, avec leur coefficient de performance supérieur à 3, permettent de diviser par trois la consommation conventionnelle prise en compte dans le calcul du DPE.

2. Faire des travaux d’isolation et amélioration de l’enveloppe

Il est essentiel de rappeler que l’amélioration du DPE ne passe pas uniquement par le changement du mode de chauffage. Les travaux d’isolation thermique (combles, murs, menuiseries) restent prioritaires pour réduire les besoins énergétiques du logement et optimiser l’efficacité de tout système de chauffage électrique.

L’installation d’une ventilation mécanique contrôlée (VMC) performante permet également d’améliorer le bilan énergétique global en limitant les déperditions tout en assurant un renouvellement d’air optimal.

3. Aides financières spécifiques aux solutions de chauffage électrique

Les propriétaires souhaitant améliorer leur DPE en optimisant leur chauffage électrique peuvent bénéficier de plusieurs dispositifs d’aide :

  • MaPrimeRénov’ finance l’installation de pompes à chaleur air-eau et géothermiques, avec des montants pouvant atteindre 4 000 € pour les ménages aux revenus modestes.
  • Les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) proposent des primes pour le remplacement des radiateurs électriques anciens par des équipements plus performants.
  • L’éco-prêt à taux zéro peut financer jusqu’à 15 000 € de travaux d’amélioration énergétique, incluant le changement de système de chauffage.

Conclusion

En somme, la réforme ouvre une perspective d’amélioration technique, mais appelle à une lecture prudente, au cas par cas, et à une vigilance particulière de la part des propriétaires pour évaluer la portée réelle de cette évolution sur leur bien spécifique.

Finalement, bien que s’adaptant aux réalités du marché et des consommateurs et bénéficiant aux vendeurs et nouveaux propriétaires, cette réforme laisse de côté locataires et autres modes de chauffage. Globalement, ce décret répond à cette volonté d’équité et surtout de clarification écologique, dans un contexte où on demande aux Français d’abandonner les énergies fossiles pour la voiture mais pas pour le chauffage, et où les contraintes d’amélioration de performance énergétique restent complexes et pénalisantes.

Pour toute question relative à l’optimisation de votre DPE ou à l’impact de la réforme sur votre patrimoine immobilier, n’hésitez pas à prendre contact avec mon cabinet pour bénéficier d’un accompagnement juridique personnalisé en droit immobilier. 

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Les questions clés de l’article

  • Mon logement avec radiateur électrique bénéficiera-t-il automatiquement de l'amélioration du DPE en 2026 ?

    Oui, si votre DPE a été réalisé après le 1er juillet 2021 et que votre logement est principalement chauffé à l’électricité. Le nouveau coefficient d’énergie primaire s’appliquera automatiquement sans nécessiter de nouveau DPE.

    Cependant, l’amélioration de classe énergétique n’est pas garantie et dépend de vos consommations spécifiques et des émissions de gaz à effet de serre. Les logements les plus concernés sont ceux du parc de résidences principales équipés de radiateurs électriques, convecteurs ou autres équipements de chauffage dans vos pièces.

  • Combien de classes énergétiques puis-je gagner grâce à la nouvelle méthode de calcul ?

    La plupart des logements concernés gagneront une classe énergétique permettant d’améliorer la classe énergétique d’un logement automatiquement. Exceptionnellement, les petites surfaces ou logements très bien optimisés peuvent gagner deux classes pour obtenir un meilleur DPE.

    Cette amélioration de la performance énergétique est particulièrement bénéfique pour sortir du statut de passoires énergétiques. Aucun logement ne perdra de classe énergétique suite à cette réforme. L’impact dépend de votre mode de chauffage : les installations tout électrique bénéficient le plus de cette évolution, contrairement aux logements chauffés au gaz ou au fioul.

  • La réforme concerne-t-elle les pompes à chaleur et autres solutions de chauffage électrique performantes ?

    Absolument. Tous les équipements de chauffage électrique bénéficient du nouveau coefficient : radiateurs électriques, convecteurs, pompes à chaleur, chauffe-eau thermodynamiques, etc. Les pompes à chaleur bénéficient même d’un double avantage grâce à leur coefficient de performance élevé, permettant d’améliorer la performance énergétique encore davantage.

    Cette réforme valorise l’électrique pour améliorer son DPE, particulièrement pour les installations modernes et performantes. Que votre logement soit équipé d’un chauffage dans vos pièces par radiateurs traditionnels, pompes à chaleur ou système tout électrique, tous profitent de cette revalorisation.

  • Mon logement est chauffé au gaz avec un complément électrique. Suis-je concerné par cette amélioration du DPE ?

    Dans le cas d’un logement équipé d’un chauffage au gaz naturel principal avec un appoint du chauffage électrique, seule la part de consommation énergétique correspondant au chauffage électrique bénéficiera du nouveau coefficient de conversion. Il convient de
    préciser que si l’électricité représente une part minoritaire de vos besoins énergétiques globaux, l’amélioration de votre classe énergétique d’un logement sera nécessairement limitée.

    Cette réforme du mode de chauffage dans le calcul du DPE est principalement conçue pour les logements chauffés majoritairement ou exclusivement à l’électricité, les installations mixtes gaz-électricité ne bénéficiant que partiellement de cette revalorisation.

    Pour améliorer son DPE significativement avec un chauffage mixte, il faudra envisager des travaux de rénovation énergétique, comme le remplacement de la chaudière gaz ou au fioul par une pompe à chaleur.

  • Quels travaux puis-je réaliser pour améliorer davantage mon DPE avec un chauffage électrique ?

    Priorité à l’isolation thermique (combles, murs, menuiseries) qui réduit les besoins énergétiques. Ensuite, le remplacement des anciens convecteurs par des radiateurs à inertie ou l’installation d’une pompe à chaleur peuvent considérablement améliorer votre classe énergétique. Ces travaux sont éligibles à MaPrimeRénov’ et autres aides publiques.

Aurore TABORDET-MERIGOUX

Avocat en Droit Immobilier

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